Méduses, tiques, belles-mères: les galères de l'été

Baignade emmaillotée dans un sac Spar, ambiance de STO en famille, sac à vomi percé dans ta Seat Alhambra de location… "Vive les vacances, vive l’insouciance" chantait Dorothée, mais est-ce qu’on n’était pas plus tranquille à faire son petit shopping sur Asos au boulot ma foi ? (En vrai je le fais sur la Redoute-Roubaix, ça évite de renvoyer tout ce qui ne va pas au Kurdistan pour la modique somme de 49 euros 90, mais Asos ça fait moins mémère qui se baigne en bonnet de bain.) En plus de la traditionnelle bobologie estivale à base de piqûres cloquées sur l’œil et de délicieux problèmes gastriques inhérents à ton changement de régime sans régime, tu peux être sûre que quelle que soit la formule choisie, la menace rôde… Tapie dans l’ombre de ton parasol anti-uv, cachée derrière les grosses fesses de ta voisine de plage, ou simplement en toi, dans ton incapacité à lââââcher priiiiise !!

Evidemment, si tu vas dans un corps de ferme au milieu de nulle part avec ta belle-mère, tout en étant nouvelle belle-mère toi-même des enfants de ton mec, tu multiplies les facteurs d’embrouilles. Mais, même quand tu t’es préparée et que "t’en avais vraiment besoin de ces vacances", tu n’es pas à l’abri d'un accident de manche à selfie ou de traverser la crise existentielle de ta fille sous les yeux amusés de tes parents ou, pire, de tes beaux-parents qui t’avaient bien prévenue que "t’allais galérer avec elle avec ton éducation de bobo laxiste et que de toute façon la casse-couillerie c’est forcément héréditaire".

Les vacances en familles sont évidemment un des terrains les plus glissants. On a beau savoir que c’est 4 jours maximum, on finit quand même toujours par y passer un temps de dingue, pour peu que tu aies (pour le moment) échappé au divorce malgré ces temps difficiles de relucage de cellulite en terre hostile et que tu cumules les deux familles à 1500 bornes d’écart évidemment. C’est là où tu regrettes de ne pas être de Charleville-Mézières ou de Arras, puisqu'a priori quand même, hormis circonstance exceptionnelle, personne ne va se laisser convaincre d’y passer 3 semaines en plein mois d’août. Nooooon évidemment, ton mec vient de Bretagne nord, c’est chouette, c’est sauvââââge, c’est bon pour le teint ou de la montâââââgne, c’est chouette, c’est sauvage, c’est bon pour le souffle.

Alors que toi, depuis que tu as assumé de n’avoir jamais eu envie de faire des inter-rails en Birkenstock dans des pays de l’est non desservis en train, tu aimerais bien qu’on te colle dans ton transat à l’ombre avec ton café frappé et tes 25 romans prévus pour l’été. Et éventuellement quelques petites playlists de biatch en fond sonore histoire d’imaginer des trucs un peu fou-fou pour alimenter ta sieste. Certainement que les meilleures d’entre nous arrivent à faire ça avec des beaux-parents beatnik-peace à Formentera qui gèrent les mioches, mais le commun des mortels est quand même plus souvent en train de bouffer des religieuses au café avec Mamie Gilberte cloîtrée derrière ses rideaux fermés avec des mouches qui se déposent dessus (à la fois sur mamie et sur la religieuse, tout à fait).

Voici tout de même quelques règles de survie dans les situations les plus menaçantes, histoire de tenir jusqu’à la rentrée. Et aussi de ne pas me sentir trop seule face à mes expériences ratées, dont je n’ai évidemment rien appris et que je répète à l’envi d’année en année en continuant à m’étonner que ça ne marche pas !

Les gros coins à touristes

Les touristes ayant quand même à peu près harponné les endroits jolis dans le monde, j’ai décidé de faire fi des a priori et de la découverte des vrais gens, pour m’amasser avec mes semblables en plein mois d’août. Y a pas de raison qu’ils aillent à Capri et à Venise et que moi j’aille à Touffreveille-La-Corbeline, juste parce que c’est moins couru. Bon, par contre, il est vrai que du coup il faut être d’accord pour manger des moules décongelées-recongelées et se faire arnaquer par des loueurs de scooter qui t’ont fait signer un contrat en alphabet cyrillique dans le quel tu t’engages à aller en tôle si jamais tu refuses de rembourser n’importe quoi en cash suite à ta ballade d’une heure.

 Les régions à temps de merde

Considérant que la Bretagne court de Dunkerque jusqu’à Hendaye, et que je trouve qu’il y fait légèrement frisquet pour glandouiller à l’ombre des palmiers (comment ça ya pas de palmiers, qu’est-ce que c’est que cette connerie ?!) j'ai développé une hyper-acuité météorologique. Sachant que les autres gens qui sont là sont justement là pour ça, car ils aiment bien, eux, se coller des petits lainages de Thierry Lhermitte autour du cou et faire des footings en pleine cagnasse (ahhh, ya pas de cagnasse, c’est pour ça qu’ils sont obligés de faire des footings?!) du coup tu passes inévitablement pour une grosse relou. Si tu expliques que tu es venue contrainte et forcée, tu t’enfonces. Le mieux est d’en profiter pour dormir beaucoup et attaquer "Belle du Seigneur" (à l’intérieur).

La campagne et son dérivé (excessif) la montagne

A titre personnel, j’ai toujours détesté la campagne. Le silence me colle des acouphènes, l’herbe coupée des allergies, les bouses des haut-le-cœur et les grandes étendues de grandes angoisses. Le tout sachant que tu n’as évidemment pas d’hélico dans le garage si tu devais aller à l’hosto. Là, hormis de te décortiquer régulièrement la moindre petite parcelle de corps à la recherche d’une tique prête à te gâcher la vie, que tu pourrais reprendre un jour quand tu auras regagné la civilisation, je ne vois pas grand-chose à faire. Peut-être éventuellement attaquer une série américaine de 8 saisons depuis le début et enchaîner jusqu’à la rentrée. Ou te mettre à écrire un roman. Noir, menaçant, avec des bêtes, sur la solitude (des champs de colza). La montagne, c’est la même chose sauf que tu manges encore plus lourd, tu multiplies tes risques cardio-vasculaires par 4 alors que les hôpitaux sont encore plus loin. Et en plus ça te réverbère à fond sur le carafon, donc bonjour le mélanome sans même avoir kiffé au bord de la playa…. Bon, il y a évidemment l’option (ou plutôt l’obligation) sportive inhérente à ce type de vacances, mais entre les chiens qui te coursent à vélo alors que tu te gamelles en danseuse et les footings, où ils arrivent pour de bon à te gnaquer (à "te pincer" dit-on en langage de gens qui aiment les toutous) ça ne me paraît pas prudent.

Les vacances à l’aventure

Si tes dizaines d’année de fausse roots ne t’ont pas suffi et que tu continues à vouloir partir avec ta douche solaire et ton camping gaz alors chapeau ! Perso, ma dernière expérience de caravaning en R21 s’est achevée à Tarifa, dans un champ de kite-surfers à me demander 1) comment faire pipi dans les rouleaux sans me noyer, 2) comment changer mon tampon au milieu de tout le monde sans développer un syndrome du choc toxique, 3) comment dormir dans mon camping au bord de l’autoroute par 42 degrés que j’avais négocié, car le champ de camion avec les punks à chiens qui nous regardaient par la fenêtre en dormant c’était trop quand même…Ça a étonnamment fini par une rupture donc je ne recommande pas, sauf envie de divorce latente. Rupture consumée à Tarifa, avec un long retour en voiture, très long !

Les problèmes de transports

Les transports sont évidemment une sacrée tannée, avec un ultra bonus pour le voyage en bagnole en famille, qui part souvent en débriefe à huis clos de la semaine passée chez "ta belle-doche" avant d’arriver chez "ta mère, mon dieu ta mère". La scène de ménage ayant pour spectateurs tes enfants, tétanisés à l’idée que tu divorces sur l’autoroute façon "Drôle d’endroit pour une rencontre". Pour agrémenter l’ambiance, tu peux aussi compter sur quelques vomis dans les virages entre deux "ta mère" et autres doudous lancés dans ta gueule pendant que tu doublais deux camions en chialant. Bref, à côté, la pétasse de chez Easy Jet qui ne recale encore QUE ta valise au dernier moment, alors qu’il avait pourtant fallu y faire rentrer ton sac à main dégueu sur tes culottes immaculées, c’est de la gnognotte. Idem pour la nuit dans le train avec une salade Les Saladières gracieusement offerte en échange des 17h de retard passées à dormir par terre sans clim à 100m du Creusot…

Les vacances où « tu ne peux pas trop bouger »

En cas de disette ou d’impossibilité de se déplacer genre J-10 avant d’accoucher, il est possible de devoir faire simple, économique, tout en ayant envie de changement. Plusieurs solutions s’offrent à toi : rester chez toi à trier tes impayés et tes fringues dans lesquelles tu ne rentreras plus jamais, échanger ton appart en espérant qu’on ne changera pas les serrures, ou partir en camping pas loin. J’avais eu cette riche idée une fois, enceinte jusqu’aux yeux et n’ayant pas le droit de faire de voiture. Nous avions donc emprunté à un pote sa 106 collection Jeans de 1992 sans amortisseurs pour aller camper dans les mobile homes du Bois de Boulogne pour la Saint Valentin… C’était certes dépaysant, tendance Sangatte chic, mais le clou du spectacle fut le grave accident de bac sur le Lac inférieur du Bois de Boulogne avec un choc à 2km/h qui nous avait valu les urgences maternité comme fin de week-end. A refaire.

Allez, la prochaine fois, promis je consulterai les blogs de meufs de tourisme avant de prendre une quelconque initiative. Bonnes vacances, et puis bonne chance surtout !

Bien-êtreMadame Meuf