Couple: interdiction de s'enflammer!

Si toi aussi tu essaies toujours le nom de famille du moindre mec avec ton prénom en cas de mariage et ce depuis le CM2, tu fais sans doute partie des personnes conditionnées (un gros billet que papa-maman sont mariés) et des personnes dépendantes (un gros billet que papa-maman s'en foutaient un peu de toi). Et pour autant, tu sais que c’est mal! Véro de la téléprospection te l’a bien dit : tu cherches à remplir ton vide affectif. Et ça te met dans une bien difficile position dans ce siècle sans scrupule, où il est de bon ton de modérer ses ardeurs si on ne veut pas être clouée au pilori pour harcèlement néo-romantique indécrottable. 

Voilà bien un domaine encore où l’inégalité hommes-femmes nous tenaille et où le gap est flagrant. Il n'est ici question ni d’argent, ni de tronche quand on vieillit, mais une fois de plus d’amour. Enfin d'amour, disons du début des relations interpersonnelles entre deux individus (ça nous évitera de passer pour des mégères flippantes). Les meufs et les mecs, juste après leur rencontre, utilisent exactement la même expression : «  on s’emballe pas ». Mais y mettent chacun un sens tout à fait opposé. C’est à dire que la meuf pipeaute et s’emballe à mort et le mec que dalle, il dit bien vrai.

Le « je ne m’enflamme pas » féminin est un affichage social obligatoire qui a pour but de répondre au triple objectif 1/ je ne fais pas fuir le chaland, 2/ je tente de m’auto-persuader, 3/ j’anticipe pour éviter de passer pour une conne. 

Donc on s’enflamme pas, on y va tranquille, on attend un sms par semaine pour aller boire un cocktail ridicule en ne riant pas trop fort et, évidemment, il est formellement interdit d’envisager un second sms post godet dans lequel on se dirait que c’était correctement convenable, à la limite de l’apprécialibilité. 

Tout cela est parfaitement sous contrôle des deux côtés. Sauf que pendant que Monsieur vaque à ses 622 préoccupations passionnantes, dont il ne manque pas de parler à ses amis avant d’aborder le sujet « je vois une meuf ouais mais on s’emballe pas », eh bien madame s’emballe toute seule façon auto-slow en reluquant de loin la vie de son prétendu.

En profilant son activité sur 8 réseaux sociaux en parallèle, elle arrive à lui construire un emploi du temps imaginaire, voire à le découvrir ce cher enfant, puisqu’en trois Spritz en 5 semaines il n’aura pas été aisé de tout connaître de son ex qui like tous ses posts (qui est en fait sa fille), de son goût prononcé pour la culture (il re-poste tout le gorafi belge) et de ses goûts musicaux pointus (il ne like que Michel Sardouille). 

De peur d’étouffer le mec, tu te retrouves à suffoquer toi-même devant cette vie mise en scène tellement incroyable, dans laquelle ce n’est pas toi qui partages ces délicieuses linguini alla vongole et pourquoi il met une photo de chiottes après, qu’est-ce qu’ils sont allés foutre aux chiottes putain?!? Un simple « Tu fais un truc ce soir? » aurait pu t’éviter de te mettre l’estime en friche pour les 6 prochaines relations non-engageantes que tu auras, mais non. Tu as été nourrie à « Melrose place », il te semble donc logique de ne surtout pas appeler, de penser au pire et de dire le contraire de ce que tu penses. Pour mémo, sache quand même que s’ils s’étaient dit dès le départ dans Melrose place "Je suis en fait le sosie de ton ex-mari violent et je vis grâce à la transplantation de son coeur, mais pour autant je ne suis pas lui, baisons!" ça leur aurait évité bien des complications. Et ça nous aurait économisé 9557 minutes, soit 159 heures, soit pas loin de deux semaines de nos vies (sans compter la pub!). 

Dans le pire des cas, mettons que tu aies franchi le rubicond et envoyé un hasardeux et irréversible sms « salut, dispo vendredi biz? ». Il y a fort à parier que cela n’ait pas provoqué une crise de spasmophilie chez le recevant, tout comme il ne t’imagine peut être pas pour autant avec un bâillon-cagoule ou une volonté de mettre la main sur la chevalière familiale. 

Et si, d’aventure, ou de non-aventure d’ailleurs, il l’avait pris comme tel, il est peut-être aussi bien de le découvrir rapidement, histoire d’éviter de passer 9557 minutes à se faire chier pour un con. 

Parce que l’erreur de débutante des meufs est bel et bien de se croquer la cervelle pour un type dont elles ne savent même pas s’il est praticable! Peut-être fait-il de graves fautes de français? Peut-être va-t-il t’offrir "Angel" comme parfum? Peut-être passe-t-il toutes ses vacances en Bretagne nord avec sa mère? Peut-être est-il passionné par les systèmes hi-fi-stéréo embarqués? Qu’en sais tu mignonnette? Eh bien rien, puisqu’en à peine 4h53 (soit 6,4 épisodes) il a quand même le temps de se contrôler suffisamment pour avoir l’air merveilleusement merveilleux, bourré d’humour, de talent et de sourire. Il est également possible que cela ait suffi à te faire réaliser qu’il est affreusement affreux. Auquel cas réalise-le, en effet, et dégage! On te connaît, tu serais bien foutue de te dire que comme c’est un connard, il est certainement digne d’intérêt.

On comprendra bien aisément que chatte échaudée craint l'eau froide, mais il ne faut pas oublier non plus que quand notre coeur fait Boum tout avec lui dit Boum. Et qu’il faudrait peut-être arrêter de ne pas croire ses intuitions ou de réfréner ses envolées lyriques sentimentales en permanence. Et tant pis si on a l’air d’une maniaque à vide affectif. La nature n’aimant pas le vide, eh bien autant le remplir de tentatives audacieuses que de prudence mère de sûreté ou d’excès de sagesse. 

Après, rassurons-nous, il existe bien deux trois gars qui s’emballent aussi. Une moitié de gays, un quart de mecs qui vont retomber dès qu’ils t’auront confrontée à la réalité et un dernier quart qui serait possiblement raccord avec toi! Dans ce cas, si ledit gars te plaît (un gros billet que non, du coup...) fonce ma vieille!! Puisque s’emballer, y’a que ça de vrai! Bon et puis sinon, si tu es vraiment réfractaire, tu peux aussi te sur-occuper, travailler tout le temps et ne parler que de ça. Allez, un jour on se racontera ça tiens, on va bien s’amuser.

Love-sexeMadame Meuf