Mes enfants sont des fachos

Au moment de ramener ma progéniture de la maternité à la maison, dans son petit panier à chat, j’ai réalisé que j’avais les pleins pouvoirs sur elle. La page blanche. Libre à moi d’en faire des Djihadistes, des fans de Patrick Bruel ou de leur apprendre le Javanais. Soyons bien clairs, je n’ai pas souhaité faire usage de ce pouvoir absolu pour leur inculquer de la merde (exception faîte de Patrick Bruel, qui marche très bien en berceuse). J’ai même plutôt appliqué les préceptes de « Qui a le droit », c’est dire que j’étais dans l’empathie! Il va de soi qu’en bonne Parisienne biberonnée à la trottinette électrique, aux ateliers créatifs à 10.000 et aux petits pots de légumes oubliés (pour de bonnes raisons), j’ai plutôt tenté d’appliquer les règles Hidalguiennes de démocratie participative que celles d’un Etat policier. Certes avec quelques aléas, puisqu’il m’a fallu faire un grand écart américain sans échauffement entre l’éducation de mes parents dite « éducation d’une bonne baffe ça n’a jamais fait de mal » à l’éducation 2019 dite « éducation positive ». 

Ça ne m’a évidemment pas empêché de pondre des petits persuadés d’être le centre du monde, n’ayant moi-même toujours pas dépassé ce stade psychique de la petite enfance, à bientôt 40 ans. Mais c’est avec force détermination et dialogue qu’il fut tenté de les civiliser et de les aider à dépasser cette frustration permanente et terrible de ne pas chourrer des Carambars Atomic au boulanger, alors même qu’il fait exprès de les mettre à leur niveau ce suppôt de Tentale! 

Sachant qu’un joli ouvrage encourageant de psychologie stipule que « Tout se joue avant 6 ans », il semblerait que ce soit désormais foutu pour moi. Une fois lâchés dans la jungle scolaire, ils se sont certes adaptés à la vie en société. Mais comme des gros fachos! Et j’en veux pour preuve l’ensemble de leur organisation idéologique, politique et sociale. Un vrai système fasciste vous dis-je. Tout y est. 

Un nationalisme puissant

Pas besoin d’attendre Eric Ciotti et sa volonté de réhabiliter le drapeau dans les classes. La Coupe du Monde a déjà fait son oeuvre et la chambre de mon fils ressemble à la tribune Boulogne du Parc des Princes. S’il voit un footballeur qui ne chante pas sa Marseillaise, il crie au scandale.

L'identification d'ennemis ou de boucs émissaires comme cause d'unité 

Et encore plus entre meufs, la détestation commune étant souvent un facteur de rapprochement de copines. Il va de soi qu’une « camarade » en Burkini à la piscine ou une autre avec des lunettes, fussent-elle violettes à fleur (donc très belles), c’en est trop! Si tu n’as pas ta panoplie Decath, tu risque de payer cher ta « distinction »! Attention, car en plus le vent tourne vite, être « grosse, moche, avec des fesses qui dépassent » peut t’arriver d’un jour à l’autre, même si tu as 4 ans et même si tu ressembles à Kate Moss. 

Le mépris pour la reconnaissance des droits de la personne (hormis les siens!)

Comme dans tout Etat violent, les droits sont vécus comme individuels et sont disputés comme la dernière des chips du paquet. Avec une multitude de « maîtres sans bornes » prêts à tout pour obtenir ladite chip (je conseille la morsure, très efficace).

Un sexisme répressif 

Les gouvernements des nations fascistes ont tendance à être presque exclusivement dominés par les hommes. Les cours d’école aussi. Les fratries aussi. 

Le contrôle des médias de masse 

Les dictateurs de 7 ans ayant réussi à obtenir le monopole de la télécommande (que leurs parents ne savent d’ailleurs pas faire fonctionner), on ne peut plus regarder que Youtube.

Le mépris pour les intellectuels et les arts 

Youtube donc.

La protection du pouvoir des entreprises 

Macdo et Nike ont de beaux jours devant eux. Et si les parents boycottent, plus encore, puisque ça attisera l’envie.

Une obsession pour le crime et le châtiment 

Chaque action erronée sous le regard d’autrui engendre d’être affublé de « tricheur » ou de « mythomane ». La délation a bien sûr le vent en poupe, mais c’est surtout la méthode du « tu n’es plus mon ami(e) » qui est reine en termes de punition et de manipulation. Elle aurait d’ailleurs inspiré Machiavel tout au long de sa carrière (de mec sans amis).

Le règne du favoritisme et de la corruption 

Les mioches évoluant généralement dans un même groupe de 4 potes avec qui ils font tout, il va de soi que la bonne carte Pokemon a peu de chances de finir dans les mains d’un gars de l’école d’en face.

Une obsession pour la sécurité nationale 

Est-ce une question de « génération attentats », mais en tout cas l’enfant souhaite vraiment que la police arrête les méchants et idolâtre le militaire devant son école. Comme si Eric Ciotti avait imposé les « tut tut mobiles » dans toutes les crèches. Le gilet d’explosifs Nerf est également très prisé (la génération attentat n’a peut-être pas très bien identifié tous les tenants et les aboutissants). 

L’amalgame

Les enfants font un usage de la rhétorique des plus discutables, utilisant sans gène des concepts diamétralement opposés. Chaque tentative de débat est caricaturée et il n’est pas rare de se retrouver avec des phrases comme « tu es raciste parce que tu le traites d’autiste », « Jésus est mort, Salam Alaykoum, faisons du Yoga pour le prier » ou encore « Macron est-il pour les filles ou pour les garçons?». Même si l’enfant n’a pas été amené à écouter les Grandes gueules de RTL dès le berceau, il va de soi que chacune de ces phrases doit être entendue au premier degré.

Le pire dans tout ça, c’est qu’on a voulu bien faire, mais apparemment on n’a pas su. J’ai beau apprendre mon magicmaman.com par coeur tous les matins, je remarque que mes gamins sont beaucoup plus violents et trash que moi et mes copines, qui passons notre temps à nous acheter des T. shirt licornes et à nous écrire en Emoticon(nes).

Certes, il peut m’arriver de gueuler comme un putois un petit « Adolf, à taaaaaable!!!! ». Mais personne n’est dupe, il ne s’agit pas d’une réelle autorité. J’ai beau menacer, mes gamins continuent à réclamer (ils ne savent pas quoi, mais ils réclament à tout bout de champ). A vouloir passer tous leurs samedis avec leurs copains (même s’ils ne sont jamais d’accord et se cherchent des poux en permanence). A s’habiller avec des trucs voyants (le fluo ayant bonne presse). MEEEEEEERDE!!!! Mes enfants sont des Gilets jaunes en fait!!! Je n’avais pas réalisé. Ça va donc ne jamais s’arrêter alors?!

FamilleMadame Meuf